Retour sur la reprise de contact entre les syndicats et la Première ministre

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L’ensemble des organisations syndicales représentatives étaient reçues à Matignon les 16 et 17 mai. Tour d’horizon des sujets sur la table.

Pas d’ordre du jour précis, comme l’avait indiqué Élisabeth Borne, mais une volonté d’écoute affichée du côté de l’exécutif. La « reprise de contact » entre l’exécutif et les organisations syndicales reçues en bilatérale les 16 et 17 mai à Matignon, s’annonçait complexe. « On est venu discuter, ce n’était pas naturel après ce que l’on vient de traverser », a d’ailleurs affirmé Laurent Berger au terme d’une heure d’échanges. Le ressentiment social issu de la réforme des retraites est encore très vif, et semble avoir durablement écorné la confiance des travailleurs et de leurs représentants. « Le différent de 2023 ne s’effacera pas », résumait ainsi la CFDT. Pas question pour autant de pratiquer la chaise vide. Les organisations syndicales l’ont d’ailleurs bien compris : toutes, sans exception, ont accepté de venir discuter avec la Première ministre. Et, pour ne pas se voir une nouvelle fois accusées de ne pas avoir fait de propositions, nombreuses sont celles à avoir apporté leur cahier revendicatif… accompagné pour la CFDT d’une exigence : celle d’une meilleure considération de la démocratie sociale. « On veut de vraies concertations, où le diagnostic posé ne soit pas qu’un diagnostic émanant de l’État, où les propositions émises par les organisations syndicales soient vraiment étudiées, et complétées par des études d’impact, détaille Laurent Berger. On veut surtout des avancées substantielles pour les travailleurs qui, sur certains sujets, ne peuvent plus attendre. »

Sujets de négociation obligatoires

Ces sujets, ce sont les conditions de travail, l’emploi, la protection sociale ou encore l’accès aux services publics. Des sujets prioritaires. La CFDT souhaite notamment inscrire l’organisation du travail comme un sujet de négociation obligatoire dans l’entreprise et donner aux travailleurs la possibilité de s’exprimer sur leur travail. « Les salariés sont les meilleurs experts du travail et bien souvent, on ne les écoute pas », assène Laurent Berger. D’autres sujets pourraient également être renvoyés à une négociation entre partenaires sociaux, à condition qu’il y ait une certaine contrainte exercée sur les entreprises par l’État. C’est le cas des salaires. La CFDT souhaite, en effet, obliger les branches dont les minima sont absorbés par le Smic à réviser leurs grilles de rémunération, et suspendre les exonérations de cotisations sociales patronales pour les entreprises dans les branches dont les minima commencent sous le Smic. À l’inverse, la proposition de certaines organisations syndicales d’indexer les salaires sur l’inflation risquerait, « de tuer la logique de la négociation salariale qui, parfois, va au-delà de l’inflation », estime la CFDT.

Empêcher l’examen du texte Liot serait “inacceptable”

L’exécutif doit maintenant étudier l’ensemble des propositions syndicales avant une réunion multilatérale prévue début juin. « Cette reprise de contact, c’est une première étape. On jugera sur pièces au regard de la méthode et de la finalité des sujets qui seront mis sur la table », poursuit Laurent Berger qui met en garde l’exécutif des conséquences d’un nouveau passage en force à quelques jours du vote de la proposition de loi Liot visant à abroger le recul de l’âge légal de la retraite. « Les manœuvres qui consisteraient à ce que le projet de loi Liot ne soit pas examiné au Parlement seraient un coin supplémentaire dans le mépris. » Depuis quelques jours en effet, les députés de la majorité réfléchissent à contrer le texte dont l’examen est prévu le 8 juin à l’Assemblée. Bien décidée à maintenir la pression, l’intersyndicale appelait au lendemain d’un 1er Mai historique à une nouvelle journée d’action et de mobilisation commune le 6 juin.

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

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