Congé de naissance : une avancée sociale… mais encore beaucoup d’incertitudes
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Adopté dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, le nouveau congé de naissance est présenté comme une avancée majeure en matière de parentalité. Il concernera aussi bien les salarié·es du privé que les agent·es publics. Sur le principe, la CFDT ne peut que saluer la création d’un nouveau droit. Mais entre annonces politiques et réalité de mise en œuvre, de nombreuses questions restent aujourd’hui sans réponse.
Un nouveau droit, plus long et mieux indemnisé
Le futur congé de naissance doit permettre à chaque parent de bénéficier d’un à deux mois de congé supplémentaires, en plus des congés existants :
- congé maternité (au moins 16 semaines),
- congé paternité (25 jours, en plus des 3 jours dits de « naissance »).
Ce congé pourra être fractionné (deux périodes d’un mois) et sera indemnisé à un niveau plus élevé que le congé parental actuel :
- 70 % du salaire net pour le premier mois,
- 60 % pour le second.
Pour la fonction publique, il s’agit bien d’un nouveau droit statutaire, intégré aux congés familiaux existants, et non d’une simple autorisation spéciale d’absence requalifiée. Sur le papier, cette mesure peut favoriser un meilleur partage des tâches parentales et répondre aux attentes croissantes en matière de conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.
Une entrée en vigueur annoncée… mais très incertaine
C’est là que le bât blesse.
Si la loi prévoit que le congé concerne les enfants nés ou adoptés à partir du 1er janvier 2026, le gouvernement reconnaît lui-même que l’application effective du dispositif à cette date n’est pas techniquement possible.
Les systèmes d’information, les modalités de versement des indemnités, l’organisation des employeurs publics et privés : tout n’est pas prêt. Le ministère de la Santé évoque désormais une mise en œuvre « dans le courant de l’année 2026 », sans calendrier précis.
Autrement dit :
- le droit existe dans la loi,
- mais les décrets d’application ne sont pas encore publiés,
- et les parents pourraient devoir attendre plusieurs mois avant de pouvoir réellement en bénéficier.
Un risque réel pour les parents… et pour les agent·es
Plusieurs parlementaires, pourtant favorables à la mesure, ont alerté sur le danger d’une entrée en vigueur précipitée : un congé pris, mais des indemnités versées avec retard, voire des situations différentes selon les employeurs et les administrations.
Pour les agent·es publics, l’incertitude est double :
- sur la date réelle à laquelle le congé pourra être posé,
- sur les modalités pratiques (gestion RH, articulation avec les autres congés, information des services).
Annoncer un droit sans garantir immédiatement son effectivité, c’est prendre le risque de créer de la déception, voire des inégalités de traitement.
Ce que revendique la CFDT
La CFDT considère que ce congé de naissance constitue une avancée sociale importante, mais rappelle que :
- un droit n’est réel que s’il est applicable, lisible et sécurisé,
- les agent·es doivent disposer d’une information claire, suffisamment en amont,
- les administrations doivent être accompagnées pour garantir une mise en œuvre homogène sur l’ensemble des services.
La CFDT sera particulièrement vigilante sur la publication rapide des décrets, sur les conditions d’indemnisation et sur l’égalité d’accès à ce nouveau congé, dans les trois versants de la fonction publique.
Créer de nouveaux droits, oui. Les rendre effectifs et protecteurs, c’est indispensable.
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