Pouvoir d’achat dans la fonction publique : un décrochage préoccupant face à l’inflation

Publié le

Depuis plus d’une décennie, le pouvoir d’achat des agents publics, en particulier dans la fonction publique territoriale, s’érode dangereusement. En cause : une revalorisation du point d’indice largement inférieure à l’inflation, qui fragilise les agents, les services publics… et le dialogue social.

Une inflation galopante, des salaires qui stagnent

Depuis 2010, la valeur du point d’indice – base du calcul des rémunérations des fonctionnaires – a connu une évolution largement inférieure à celle des prix à la consommation. Alors que l’inflation a dépassé les 10 % entre 2021 et 2023, la seule revalorisation notable du point d’indice s’est limitée à 3,5 % (en juillet 2022).

Résultat : une perte cumulée de pouvoir d’achat qui atteint près de 15 % pour un agent de catégorie C entre 2010 et 2022.

Une politique salariale déconnectée du réel

Le gel du point d’indice pendant plusieurs années (2010-2016 puis 2017-2022), combiné à une inflation dynamique, a généré un écart croissant entre rémunérations et réalité économique. Dans le secteur privé, les négociations salariales sont plus réactives, notamment avec les NAO (négociations annuelles obligatoires). L’ancien ministre Guérini avait évoqué l’idée de « NAO » dans la Fonction publique, sans toutefois la concrétiser. À l’inverse, les agents publics dépendent de décisions centralisées, souvent tardives et insuffisantes.

Services publics affaiblis, dialogue social sous tension

Le décrochage du pouvoir d’achat alimente un fort sentiment de déclassement chez les agents. Cela nuit à la motivation et fragilise la continuité du service public. Les difficultés sont particulièrement criantes dans les métiers sociaux, médico-sociaux et techniques, où les recrutements deviennent de plus en plus difficiles.

Les collectivités sont confrontées à des tensions croissantes : postes vacants, recours aux contractuels, projets de service différés… Ce climat dégradé se reflète dans les instances de dialogue social, où les revendications des agents se font plus pressantes.

Un enjeu d’équité… et d’efficacité

L’écart entre le point d’indice et l’inflation ne relève plus seulement de la technique budgétaire. Il devient un symbole d’injustice sociale et de désengagement progressif de l’État employeur.

Expressions de la CFDT,

  • Il est urgent d’organiser un rendez-vous salarial. Par la même occasion, la CFDT rappelle quelques-unes de ses revendications
  • Elle a aussi rappelé son attachement à la GIPA, qui doit être considérée comme un indicateur parmi d’autres de l’évolution des grilles et du pouvoir d’achat des agents ;
  • Pour un travail de fond : la CFDT demande une négociation sur les carrières et rémunérations, qui concerne les trois versants.
  • Le travail devra aussi porter sur les reclassements, sur l’accès des contractuels à l’emploi titulaire. Et dans le travail sur les carrières, la CFDT exige sans délai que les nombres de promotion et avancements de corps et grades soient très nettement améliorés. Ces mesures pourraient d’ailleurs commencer à entrer en œuvre dès le rendez-vous salarial.

Il en va de la reconnaissance des agents, de l’attractivité de la fonction publique… et de la qualité des services rendus à la population.

La CFDT mobilisée pour une fonction publique attractive et équitable

Face à ces constats, la CFDT réaffirme son engagement pour défendre un service public de qualité, soutenu par des agents reconnus et justement rémunérés. Elle continuera à porter ses revendications dans les instances de concertation, aux niveaux local et national.

Parce que garantir le pouvoir d’achat, c’est aussi garantir le service public.

 – – – – – – – – –