Budget Sécu 2026 adopté : ce qui va vraiment changer pour nous …
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Après l’adoption, ce mardi 9 décembre, du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026) par les députés, le texte doit encore retourner au Sénat avant un dernier passage à l’Assemblée nationale, où il sera définitivement adopté. Voici les principaux changements à retenir.
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Retraites : ce qui change
Suspension de la réforme Borne
Le relèvement de l’âge légal de départ (62 ans et 9 mois) et l’allongement de la durée d’assurance à 170 trimestres sont mis en pause. Cette suspension, annoncée le 23 octobre par le Premier ministre Sébastien Lecornu, vise à répondre aux attentes du Parti socialiste. (voir aussi notre article : Retraites : tout comprendre sur la suspension)
Améliorations pour les mères
Le calcul de la retraite de base ne portera plus sur les 25 meilleures années pour les mères, mais sur les 23 ou 24 meilleures selon le nombre d’enfants.
Deux trimestres de majoration de durée d’assurance pourront aussi compter pour un départ carrière longue à partir de septembre 2026.
Côté fonction publique, les mères bénéficieront d’un trimestre de bonification pour chaque enfant né à partir de 2004. (voir notre article : Mères fonctionnaires et femmes enceintes : des mesures en progrès, mais encore insuffisantes
Resserrement du cumul emploi-retraite
En dessous de l’âge légal, chaque euro gagné sera déduit de la pension. Le cumul emploi-retraite ne deviendra réellement libre qu’à partir de 67 ans.
Pouvoir d’achat et prestations
Pas de gel des prestations sociales en 2026
La proposition de geler les pensions et les prestations sociales a été rejetée par les députés.
Majoration des allocations familiales
Elles seront désormais majorées à partir de 18 ans, et non plus 14 ans.
Un nouveau congé de naissance
Un « congé supplémentaire de naissance » entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Ce congé pourra profiter aux deux parents. Il se cumulera aux congés maternité et paternité déjà en place et aura une durée d’un ou deux mois, en fonction du choix du salarié. Chaque parent pourra prendre le congé simultanément ou en alternance avec l’autre, ce qui permet d’ajouter jusqu’à quatre mois de garde parentale auprès de l’enfant pour un couple. Le montant de l’indemnisation de ce congé sera décidé par décret. Toutefois, les membres du gouvernement ont précisé qu’il serait de 70 % du salaire net le premier mois et de 60 % le second. Il pourra être pris en deux périodes d’un mois.
Santé : des dépenses revues à la hausse
Pas de hausse du reste à charge
Le doublement des franchises médicales, un temps envisagé, a été abandonné faute de consensus.
Revalorisation des dépenses de santé
L’Ondam (Objectif national de dépenses d’assurance maladie) est fixé à +3 % pour 2026. Plusieurs secteurs bénéficient de revalorisations ciblées :
- +3,6 milliards d’euros pour les établissements de santé, incluant 850 millions d’euros pour stabiliser les tarifs hospitaliers en 2026.
- Une hausse des dépenses de soins de ville pour accompagner le réseau France Santé, avec un objectif de 5 000 maisons labellisées en 2027.
- 150 millions d’euros pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires et soutenir les professionnels libéraux.
- 100 millions d’euros supplémentaires pour le Fonds d’intervention régional, soit +25 %, principalement pour les actions médicales ultramarines.
- +150 millions d’euros pour le secteur « personnes âgées », en soutien renforcé aux EHPAD.
Surtaxe sur les mutuelles
Initialement mis en échec, le gouvernement a finalement réussi à faire adopter une taxation exceptionnelle des complémentaires santé, à hauteur de un milliard d’euros. Même si une partie des députés, principalement à gauche, s’inquiète d’une répercussion in fine sur les assurés.
Nouvelle limitation pour les arrêts de travail
L’Assemblée nationale a adopté une limitation de la durée des arrêts de travail. Ces derniers ne pourront dépasser un mois pour une première prescription, et deux mois pour un renouvellement. Les praticiens pourront ne pas appliquer cette mesure si la situation du patient le demande mais ils devront le justifier sur leur prescription.
Selon le gouvernement, les dépenses liées aux arrêts de travail ont enregistré une hausse annuelle moyenne de 6 % entre 2019 et 2023.
Avant ce vote, le gouvernement envisageait de limiter le premier arrêt de travail à 15 jours s’il avait été prescrit par un médecin de ville et à 30 jours s’il avait notifié à l’hôpital.
Création du réseau « France Santé »
Afin d’améliorer l’accès aux soins, les députés ont créé le réseau « France Santé ». Il va reposer sur des structures qui existent déjà comme des centres de santé, où exercent des praticiens salariés, ou des maisons de santé. Ces structures recevront le label « France Santé » et un forfait de 50 000 euros environ, si elles respectent un cahier des charges très souple » comme :
- Être ouvertes au moins cinq jours par semaine.
- Ne pas appliquer de dépassement d’honoraires.
- Fournir un rendez-vous dans les 48 heures si l’état de santé le nécessite.
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Ce dispositif, voulu par Sébastien Lecornu, a fixé l’objectif de 2 000 maisons « France Santé » d’ici l’été 2026 et 5 000 d’ici 2027.
Revenus du capital
Après de multiples tractations, l’Assemblée a adopté un compromis entre gauche et droite : rehausser la contribution sociale généralisée (CSG) sur le capital, taxe finançant la protection sociale, en réduisant le périmètre de la hausse.
La gauche avait fait voter une hausse de 9,2 % à 10,6 %, pour 2,8 milliards de rendement. L’Assemblée l’a restreinte, excluant entre autres les plan d’épargne logement (PEL), assurances vie et autres revenus de location. Avec un rendement amputé à 1,5 milliard d’euros.
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![]() © Éric Tschaen/RÉA |
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Pour mémoire :
Notre article du 22-10-25 : Budget de la sécu : ça s’annonce tendu
Notre article du 31-10-25 : Budget de la sécurité sociale : Le travail parlementaire doit rectifier un PLFSS trop dur (Communiqué de presse)
Notre article du 27-11-25 : PLF, PLFSS : le point à mi-parcours
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