« Chacun est libre d’adhérer à un parti, à condition de ne pas embarquer le collectif CFDT dans ses choix »

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Dans la campagne présidentielle en cours (!), Frédéric Sève, Secrétaire National CFDT, chargé du lien avec les politiques, rappelle le positionnement de la CFDT dans les élections politiques.

Quel est le positionnement de la CFDT dans la campagne présidentielle ?

Nous n’avons pas de positionnement partisan. Le rôle de la CFDT n’est pas de dicter leur choix aux électeurs lors des élections politiques, et notamment présidentielles.

De même, nous n’admettrions pas que les politiques s’immiscent dans les élections professionnelles. La neutralité dont je parle ici découle de ce partage entre le syndicalisme et la politique. Cela posé, la CFDT est profondément attachée au fonctionnement démocratique de notre pays, et elle incitera à voter, comme elle l’a fait à chaque élection.

De plus, la campagne présidentielle est une occasion de faire entendre nos revendications.

Ce que nous faisons. Mais nous voulons peser sur la campagne, pas sur l’élection. Par contre, la CFDT reste plus que jamais mobilisée pour faire barrage aux partis d’extrême droite, qui ne sont pas des partis comme les autres et représentent un réel péril pour la démocratie (lire le dossier joint).

Le danger vient-il uniquement de l’extrême droite ?

La contagiosité actuelle des idées d’extrême droite est très préoccupante.

Elle témoigne de l’affaiblissement des partis politiques. Mais même si certains partis lorgnent du côté des électeurs de l’extrême droite, ils sont aussi travaillés par d’autres courants, d’autres valeurs. Les partis d’extrême droite sont, eux, homogènes et constants.

Avec l’extrême droite, nous n’avons pas affaire qu’à un discours dangereux mais à un projet redoutable.

Quelles sont les règles en cas d’engagement en politique des adhérents et militants CFDT ?

La réponse est différente selon qu’il s’agit d’un adhérent ou d’un militant. Les adhérents CFDT sont libres de leurs opinions politiques, et la CFDT salue toute forme d’engagement citoyen.

Mais, là encore, il faut séparer ce qui relève du mandat syndical de la sphère du politique.

Chacun peut adhérer à un parti, y militer, candidater, à condition de ne pas embarquer le collectif CFDT dans ses choix. En revanche, l’adhésion à la CFDT, organisation qui lutte contre toutes les formes d’exclusion, de discrimination ou de racisme, est incompatible avec la promotion des idées véhiculées par l’extrême droite.

Comment la CFDT va-t-elle s’inscrire dans la campagne ?

La CFDT va interpeller les candidats sur les thèmes qu’elle veut particulièrement mettre en avant : il s’agit, notamment, du travail, du sens du travail et des conditions de travail, du pouvoir d’achat, de la protection sociale. Les candidats (à l’exception de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour) seront conviés à un grand oral à la Confédération, le 10 mars, pour répondre à cette adresse.

Propos recueillis par Claire Nillus

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Une CFDT indépendante des partis politiques

Dans ses statuts, la CFDT affirme son « autonomie vis-à-vis des pouvoirs politiques et économiques. La Confédération entend garder à son action une entière indépendance à l’égard de l’État, des partis, des institutions religieuses, comme de tout groupement extérieur ». Les adhérents et élus CFDT peuvent, bien entendu, militer dans un parti politique et soutenir un candidat à titre individuel (voir plus haut). Signe de cette indépendance, la CFDT ne donne plus de consigne de vote depuis 1986, tout en continuant à inciter les Français à se rendre aux urnes.

Une seule exception à ce principe, toutefois, et de taille. La CFDT – qui prône l’émancipation individuelle et collective, la solidarité, l’égalité, la démocratie et combat toute forme de discrimination, d’abus de pouvoir, de totalitarisme et d’extrémisme – réserve un traitement à part à tous les candidats d’extrême droite. Les valeurs véhiculées par ces derniers sont en effet à l’opposé de celles défendues par la CFDT et doivent être sans cesse dénoncées et combattues.

La présence à une élection d’une candidate ou d’un candidat se réclamant de l’extrême droite peut donc amener la CFDT à prendre parti. C’est ce qu’elle a fait lors des dernières élections présidentielles et c’est ce qu’elle ferait à nouveau si l’extrême droite se qualifiait une nouvelle fois pour le second tour.

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