Des politiques de rémunération « à la petite semaine » dans la fonction publique !

Publié le

Elisabeth Borne, la Première ministre a annoncé qu’à compter du 1er mai 2023, le SMIC horaire brut sera porté à 11,52 euros soit une augmentation de 2,19%. De ce fait, un salarié rémunéré au SMIC percevra 1747,20 euros brut pour 151,67 heures travaillées.

Et pour les agents publics ?

Il serait question de relever le minimum de traitement des agents publics les moins bien payés, donc celui des agents de catégorie C, qui peuvent « franchir des échelons sans augmentation de leur rémunération » (« Changer » 7 fois d’échelons sur 10 ans, … mais en restant à l’indice 353 brut !!!). Le sujet de ce tassement des bas salaires revient d’ailleurs sur le devant de la scène à chaque revalorisation du SMIC.

Pour info, l’indice 353 correspond à 1712,08 euros brut par mois, c’est à dire à 1358,88 € nets mensuels pour un plein temps.

Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction Publique, même s’il fait le constat que « ces agents prennent de plein fouet l’impact de l’inflation », ne s’est pas pour autant avancé sur une éventuelle revalorisation du point d’indice (souhaitée par tous les syndicats), après celle de 3,5 % intervenue en juillet 2022.

En attendant des futures discussions sur le sujet, Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, et Johan Theuret, co-fondateur du collectif Sens du service public nous disent …

Arrêtons les politiques de rémunération « à la petite semaine » dans la fonction publique …

En effet, après avoir appelé dans une tribune publiée dans « Les Échos » le 6 avril 2023 à « revoir d’urgence » la politique de rémunération dans la fonction publique, Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, et Johan Theuret, co-fondateur du collectif Sens du service public, réitèrent dans une interview à AEF info leur demande – partagée par toutes les organisations syndicales – d’une mesure salariale générale.

Celle-ci est selon eux un préalable à l’ouverture du chantier « Accès parcours rémunération », alors que l’inflation n’a pas ralenti depuis un an. « Il faut trouver des réponses pour éviter de continuer d’avoir une politique de rémunération dans la fonction publique ‘à la petite semaine’ et qui ne répond plus aux enjeux actuels », insiste Mylène Jacquot. Pour Johan Theuret, employeurs et agents publics ont besoin de confiance et d’un minimum de prévisibilité.

 – – –

AEF info : Vous avez publié une tribune commune dans « Les Échos » le 6 avril dernier appelant à une révision d’urgence de la politique de rémunération. Cette demande est récurrente de la part des organisations syndicales depuis plusieurs mois en raison de l’inflation. Qu’attendez-vous exactement du gouvernement ?

Johan Theuret : Nous attendons un signe de la part du gouvernement et du ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini. On assiste à une érosion du pouvoir d’achat des fonctionnaires du fait du gel de la valeur du point d’indice depuis 2010 – en dépit d’une revalorisation très significative de 3,5 % en 2022 –, en raison de l’inflation qui se maintient autour de 6 % depuis plus d’un an. Une revalorisation de la valeur du point est donc nécessaire, et ce, rapidement. Certes, un chantier sur les carrières et les rémunérations va être ouvert mais l’ambition gouvernementale sur ce dossier étant forte, cela va prendre du temps. Nous ne pouvons donc attendre la fin de ce chantier. Par conséquent, pour améliorer le pouvoir d’achat et préalablement à l’ouverture de ce chantier, nous avons besoin d’un signal positif.

Mylène Jacquot : Nous attendons que le gouvernement s’attaque enfin au chantier sur les perspectives salariales pour reprendre la terminologie utilisée il y a un an. Or depuis la remise du rapport Peny-Simonpoli en mars 2022 (lire sur AEF info), tout est en suspens et l’inflation continue sa course en particulier sur les produits alimentaires et l’énergie. Il est donc nécessaire de prévoir une mesure générale portant sur la valeur du point d’indice, qui est le symbole dont on ne peut pas s’exonérer, mais aussi l’ajout de points qui va favoriser davantage les plus faibles rémunérations, ainsi que des mesures plus ciblées. C’est la première étape indispensable tant pour répondre à la conjoncture que pour ouvrir le chantier structurel sur les rémunérations. Chantier rendu d’autant plus nécessaire que les mesures PPCR n’ont pas produit les effets escomptés en raison de la poursuite du gel de la valeur du point. Il faut donc trouver des réponses pour éviter de continuer d’avoir une politique de rémunération dans la fonction publique « à la petite semaine » et qui ne répond plus du tout aux enjeux actuels.

AEF info : Le gouvernement a jusqu’alors fermé la porte à une nouvelle revalorisation de la valeur du point d’indice, renvoyant le sujet au chantier « Accès, parcours, rémunération » qui doit s’ouvrir prochainement dans le cadre de l’agenda social 2023 (lire sur AEF info), bien qu’ayant récemment infléchi son discours (lire encadré). Comment espérez-vous obtenir gain de cause ?

… lire la suite sur le site de la CFDT Fonctions Publiques (UFFA-CFDT)

 – – – – – – – –