Loi créant l’homicide routier : ce qu’il faut retenir
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La loi 2025-622, créant l’homicide routier et visant à lutter contre la violence routière, a été publiée au Journal Officiel. Nous vous l’avions évoquée dans notre article du 4 juillet relatif aux accidents routiers dans lesquels des agents de DIR ont été touchés ou blessés.
Ce 9 juillet 2025, la France a franchi une étape importante dans la lutte contre la violence routière avec la promulgation de la loi n° 2025‑622. Son objectif : mieux qualifier et sanctionner les drames causés par des comportements dangereux au volant.
Voici l’essentiel à retenir :
Ce qui change : la création d’un délit spécifique
Jusqu’ici, un conducteur responsable d’un décès involontaire sur la route était poursuivi pour homicide involontaire.
La loi introduit désormais un délit distinct : l’homicide routier, pour marquer la gravité des faits quand ils sont liés à des comportements particulièrement dangereux.
Quand parle-t-on d’homicide routier ?
Il s’agit de la mort d’une personne causée sans intention de tuer, mais dans des circonstances aggravantes comme :
- conduite sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants,
- vitesse excessive (≥ +30 km/h au-dessus de la limite),
- usage du téléphone au volant,
- conduite sans permis valide,
- refus d’obtempérer ou délit de fuite,
- consommation volontaire et excessive de médicament classé dangereux pour la conduite, etc.
Des peines plus sévères
- 7 ans de prison et 100 000 € d’amende en cas d’une seule circonstance aggravante.
- 10 ans et 150 000 € d’amende si deux circonstances aggravantes ou plus sont réunies.
Pour les blessures graves causant une incapacité totale de travail (ITT) :
- Plus de 3 mois d’ITT : jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende (7 ans et 100 000 € si plusieurs circonstances).
- Moins de 3 mois d’ITT : jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende (5 ans et 75 000 € si plusieurs circonstances).
Des peines complémentaires automatiques ou possibles
La loi prévoit aussi :
- l’annulation ou suspension longue du permis de conduire,
- interdiction de repasser le permis pendant 5 à 10 ans (voire définitivement en cas de récidive),
- obligation de conduire un véhicule équipé d’un éthylotest antidémarrage,
- confiscation ou immobilisation du véhicule,
- interdiction d’exercer certaines fonctions ou de porter une arme.
Une meilleure place pour les victimes
Les parties civiles (victimes et familles) sont désormais mieux informées :
- elles sont avisées des dates d’audience,
- même sans appel sur le volet civil, elles peuvent être entendues comme témoins,
- possibilité d’avoir des traductions si elles ne parlent pas français.
Des mesures de prévention et de suivi
- Programmes spécifiques de prévention de la récidive pour les auteurs condamnés.
- Examen médical obligatoire pour vérifier l’aptitude à conduire en cas d’homicide ou blessures routières.
Pourquoi cette loi ?
Le législateur veut nommer plus clairement la gravité des actes et renforcer la réponse pénale face à des comportements routiers délibérément dangereux.
Le terme « homicide routier » met ainsi en lumière la dimension de violence qui accompagne certains accidents, afin de mieux reconnaître la souffrance des victimes et responsabiliser les conducteurs.
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Pour mémoire :
- Notre article du 15-05-25 : Tragique accident sur la RN1104 : un agent de la DIRIF perd la vie dans l’exercice de ses fonctions
- Notre article du 27-05-25 : DIRIF : Tragique accident sur la RN 1104
- Notre article du 12-06-25 : Audience avec le ministre Philippe Tabarot (10 juin 2025) : déclaration CFDT
- Notre article du 13-06-25 : Un camion de balisage de la DIRCE percuté par un semi-remorque
- Notre article du 24-06-25 : Sécurité des agents des routes : lancement de la campagne nationale
- Notre article du 25-06-25 : Dans l’Eure, un agent de la DIRNO de 24 ans meurt fauché par une camionnette sur une route nationale
- Notre article du 26-06-25 : Réunion d’urgence au ministère : des paroles émues, mais toujours pas d’actes concrets !
- Notre article du 04-07-25 : Accidents à répétition sur les routes et création du délit d’« homicide routier » : un signal enfin envoyé ?
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