Transition écologique : une place à prendre

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Après un été marqué par plusieurs vagues de fortes chaleurs, la question de l’impact des dérèglements climatiques sur l’emploi et les conditions de travail était au cœur des débats de l’université syndicale d’été de la CFDT, du 29 au 31 août.

Fortes chaleurs, grands froids, vents violents… : les changements climatiques et environnementaux mettent la santé et la sécurité des travailleurs à rude épreuve.

Face à ces grands enjeux, le monde du travail s’interroge et s’adapte.

Comment les questions de travail influent-elles sur l’organisation de la transition écologique ?

Quels sont nos outils pour en discuter dans les entreprises ?

Les syndicats ont ici toute leur place. La CFDT en a d’ailleurs fait l’un de ses grands thèmes de rentrée et y a consacré, le 30 août, une table ronde lors de son université d’été qui a réuni Sophie Thiéry (conseillère au Conseil économique, social et environnemental (Cese)), Vincent Mandinaud (membre de l’Anact), Jean-Marie Robert (secrétaire national FGMM-CFDT) et Aurore Duffau (experte du climat chez Syndex).

Une prise de conscience réelle

Selon Sophie Thiéry, il existe un décalage entre le niveau de préoccupation personnelle et l’engagement collectif sur les sujets environnement. Citant le rapport du Cese « Travail et climat – Quelle prise en charge de l’impact du climat sur la santé au travail ? » elle note d’ailleurs que si 70 % des salariés et des agents considèrent que le dérèglement climatique peut affecter leur santé, un tiers seulement dit que c’est un sujet dans leur entreprise ou leur administration. « La base de données économiques, sociales et environnementales [BDESE] est un outil encore insuffisamment connu des salariés et qui intègre peu la dimension environnementale », constate-t-elle. « De même, le document unique d’évaluation des risques professionnels [Duerp] intègre peu les risques liés au dérèglement climatique, et les services de prévention et de santé au travail sont peu sensibilisés aux risques liés à l’environnement. L’insuffisance de formation et de sensibilisation est citée comme un frein au développement du dialogue social sur ces enjeux », poursuit Sophie Thiéry.

Pourtant, dans certaines filières, les conséquences sur l’emploi et les conditions de travail se font déjà nettement ressentir. « Dans le secteur automobile français, c’est 100 000 emplois perdus en quinze ans, explique Jean-Marie Robert, secrétaire national de la CFDT-Métallurgie. Nous avons dû changer d’approche et passer d’une logique de secteur à une logique de filière car tous les salariés ne pourront pas être reclassés dans le secteur de l’automobile. »

Dans ce domaine, les syndicats ont un rôle à jouer en demandant par exemple à l’employeur de « réaliser un état des lieux puis organiser un temps d’échange sur le sujet du travail et de la transition écologique deux ou trois fois par an », explique Vincent Mandinaud, de l’Anact.

Une meilleure anticipation indispensable

« Les enjeux sont très divers d’une filière à l’autre, note de son côté Aurore Duffau. Dans certaines filières, ils sont vus comme des crises ponctuelles. Il faut donc éviter que les réponses pèsent sur les salariés. » Pour une meilleure anticipation, elle propose, par exemple, que le sujet soit inscrit de façon récurrente à l’ordre du jour des négociations ou encore de créer au sein des entreprises des commissions environnement afin de réfléchir et d’agir dans ce domaine. « C’est un sujet transversal qui doit être présent à chaque information-consultation du CSE », estime-t-elle.

D’après Sophie Thiéry, il faut également « décloisonner les sujets au niveau institutionnel puisqu’ils concernent à la fois des questions de santé au travail et de santé publique ». Dans le rapport du Cese, d’autres pistes sont évoquées comme le conditionnement des aides publiques au respect par l’employeur de son obligation de réalisation et d’actualisation du Duerp ou encore l’augmentation du droit à la formation des élus sur les questions de santé et environnement et sur les conséquences des dérèglements climatiques sur la santé et les conditions de travail. Le Cese préconise ainsi d’intégrer la « santé-environnement » dans la BDESE via son inscription à l’article L2312-21 du code du travail. « De ce fait, les dispositions supplétives prévues à l’article L2312-36 du code devront prévoir des thèmes précis tels que les arrêts de travail pour accidents ou maladies professionnelles, les émissions de gaz à effet de serre ou d’autres substances polluantes. »

Par Sabine Izard – Rédactrice

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D’après l’article initialement publié par Syndicalisme Hebdo
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