Un rapport sous clé : quand les parcs nationaux dérangent la tutelle
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Dans son édition du 5 novembre 2025, Le Canard Enchaîné révèle l’existence d’un rapport resté bien au chaud dans les tiroirs du ministère de la Transition écologique. Commandé pour justifier de nouvelles coupes, ce document de l’Inspection générale de l’environnement conclut au contraire à la bonne gestion et à l’utilité des parcs nationaux. Une conclusion embarrassante pour une tutelle qui peine à reconnaître le rôle essentiel de ces “monuments de nature” — et celui des agents qui les font vivre, souvent avec des moyens toujours plus contraints.
L’article du Canard Enchaîné :
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Un embarrassant rapport sur les parcs nationaux
Ce DOCUMENT de 86 pages dort depuis huit mois dans le coffre-fort du ministère de la Transition écologique. Explication : l’évaluation de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable commandée par François Bayrou devait servir de bois de chauffe pour convaincre les parlementaires que nos 11 parcs nationaux coûtaient trop cher et les inciter à ratiboiser leurs budgets ; manque de bol, les quatre rapporteurs ont écrit exactement l’inverse .
Le premier parc tricolore a vu le jour en 1963, sous de Gaulle, qui avait piqué l’idée aux Américains – inventeurs du concept un siècle plus tôt. Et la greffe française a plutôt bien pris. Onze parcs couvrent désormais 8 % du territoire national, avec 517 communes peuplées de 800 000 habitants, et tout ça sans ruiner le contribuable. Comme le souligne le rapport « secret » de l’ Inspection générale de l’environnement, le coût total des parcs nationaux s’élevait, en 2024, à 73,5 millions d’euros – soit 1,10 euro par habitant. Pour en assurer la gestion, les effectifs sont loin d’être pléthoriques .
Coupes de bûcheron
En 2024, toujours selon le rapport, les 11 établissements publics alignaient 809,5 équivalents temps plein – autant qu’en 2010, époque où la France ne comptait que neuf parcs . Les rapporteurs le soulignent : « Les effectifs des parcs existants ont donc, en moyenne, diminué. » Certes, on est encore loin des coups de tronçonneuse de Trump, qui, cette année, a amputé d’un quart le budget des parcs nationaux américains . Il n’empêche : les rapporteurs se font du mouron quant au bon fonctionnement de nos parcs, qui « jouent un rôle essentiel dans les territoires, dans bien des cas délaissés, comme pôles d’attractivité et comme derniers représentants de l’État ». Et de conclure que « ces monuments de nature » devraient « être mieux pris en compte par la tutelle ».
C’est ce qu’on appelle une volée de bois vert… En pleine guérilla budgétaire, Sébastien Lecornu veut bien se battre pour les canons Caesar, mais pas pour la Vanoise, les Cévennes ou le Mercantour…
Publié par Odile Benyahia-Kouider et Christophe Labbé
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La version originale papier du Canard :
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Le site internet du Canard Enchaîné :
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La photo du village de Castelbouc, dans les Cévennes, illustrant l’article est de Bruno Daversin
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