La densification, kezako ?
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Cet article a été écrit par Emmanuel BISEAU, agent MASA à la DDTM 30, représentant du personnel pour la CFDT, notamment au CSA de réseau des DDI.
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La circulaire Borne du 8 février 2023 a bouleversé profondément le mode de calcul des surfaces par agent. Résultat : une augmentation significative des capacités maximales des bâtiments, une réduction tout aussi marquée de la surface réelle de bureau par agent… et une densification qui s’apparente parfois à un élevage en batterie.
Quelques définitions pour mieux comprendre :
- La SUB, ou Surface Utile Brute, correspond à l’ensemble des surfaces, à l’exception des escaliers et des gaines d’ascenseur. Elle inclut donc les toilettes, les couloirs, les salles de réunion, les espaces de restauration, les archives, etc.
- Un résident, c’est une personne physique utilisant durablement les locaux sur l’année. Par exemple, un agent effectuant des contrôles deux jours par semaine comptera pour 0,6 résident.
Avant la circulaire :
Jusqu’à présent, la politique immobilière de l’État prévoyait 20 m² de SUB par poste de travail, donc 20 m² par agent. C’est ce ratio qui a été appliqué à la nouvelle cité administrative de Toulouse ou encore à celle d’Avignon.
Ce que change la circulaire Borne :
- Le ratio passe de 20 m² à 16 (voire 18) m² par résident. Dans les faits, c’est bien 16 m² qui est désormais utilisé.
- On ne raisonne plus en “poste de travail” (et donc en agent), mais en “résident”. Par exemple, au siège de la DDTM 30, on compte 147 agents, mais seulement 141 résidents après application du nouveau calcul.
- Le périmètre de la SUB est élargi. Désormais, les salles d’archives en sous-sol, même sans fenêtre, ainsi que le local courrier, doivent être incluses dans le calcul.
À la DDTM 30, par exemple, la SUB est passée de 5 600 m² à 6 300 m². Ce n’est pas anodin !
Concrètement, ça donne quoi ?
Pour un bâtiment comme celui de la DDTM 30 :
- Avant la circulaire : 281 agents en capacité maximale.
- Après la circulaire : 412 agents, soit une hausse de 45 %.
- Surface de bureau réelle par agent : on passe de 12,9 m² à 8,8 m².
Et les conséquences ?
Cela se traduit par :
- Une généralisation des bureaux partagés,
- Du flex office (bureaux non attribués),
- La création d’open spaces.
Autrement dit : une dégradation prévisible des conditions de travail.
Cette densification peut aussi avoir d’autres effets négatifs : manque de places de parking, pression sur les espaces communs, perte d’intimité, fatigue mentale, etc.
Pour mémoire, les surfaces types avant la circulaire Borne étaient :
- 12 m² pour un agent,
- 18 m² pour deux,
- 24 m² pour trois,
- 30 m² pour quatre.
En résumé :
La densification n’est pas forcément une mauvaise chose en soi… à condition qu’elle soit pensée en fonction des besoins réels. Or, ce que l’on constate un peu partout, c’est que l’impératif économique prime trop souvent sur la qualité de vie au travail. Résultat : des bureaux partagés mal vécus, des open spaces et des flex offices imposés, pas toujours adaptés à nos métiers.
Pour finir sur une note positive :
À la DDTM 30, nous avons réussi à exclure la cantine de la SUB, soit environ 800 m² économisés. En pratique, cela revient à 50 agents de moins à entasser (800 / 16). Comme quoi, tout n’est pas perdu !
Par Emmanuel BISEAU
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Pour mémoire :
Notre article du 21-12-23 : Nouvelle doctrine d’occupation des immeubles tertiaires de l’État
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