Retraite : Les sénateurs LR de Bruno Retailleau ont voté pour un âge de départ à la retraite à 63 ans !

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Retraite : Les sénateurs LR de Bruno Retailleau ont voté pour un âge de départ à la retraite à 63 ans ! (20-11-20)

Le dossier des retraites a fait son retour au Sénat, le samedi 14 novembre, dans la dernière ligne droite de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021. La majorité sénatoriale de droite et du centre a défendu l’idée de travailler plus longtemps pour atteindre l’équilibre des régimes de retraites de base en 2030.

Le Sénat a décidé, en séance, de réactiver la conférence de financement sur l’équilibre et le financement des retraites, suspendue au printemps dernier, que le gouvernement souhaitait en parallèle de sa réforme sur un système universel. En cas d’échec de cette conférence des partenaires à formuler des propositions, le rapporteur LR pour la branche vieillesse, René-Paul Savary, a fait adopter par l’hémicycle ses propres remèdes.

Selon ses pistes, il s’agirait à la fois de repousser progressivement l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 63 ans en 2025. Mais aussi d’accélérer l’allongement de la durée de cotisations pour atteindre 43 annuités dès la génération 1965.

Adopté selon les modalités d’un scrutin public, l’amendement n’a reçu le soutien que des seuls groupes LR et Union centriste (200 voix pour). Les groupes de gauche et les sénateurs LREM ont voté contre (118 voix). Composé en majorité de membre d’Agir, la droite constructive, le groupe Les Indépendants – République et territoires s’est abstenu. Le groupe écologiste, qui n’était pas présent au moment du vote, a fait savoir le lendemain que ses voix seraient comptabilisées contre l’amendement.

Réaction du gouvernement

La ministre Brigitte Bourguignon, ministre chargée de l’Autonomie auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, a jugé l’initiative de la commission des Affaires sociales « prématurée », compte tenu de « l’absence de visibilité sur les conséquences de la crise sanitaire sur le système de retraites ». Elle a aussi souligné que le gouvernement était « en permanence en lien avec les partenaires sociaux de notre pays ».

La proposition de la majorité sénatoriale a été accueillie avec des critiques sévères de la part des oppositions de gauche. Au groupe socialiste, écologiste et républicain, Bernard Jomier s’est dit « stupéfait du tempo politique » de l’amendement, en pleine crise économique et sociale. « Quel à-propos politique », a-t-il ironisé. « Même le gouvernement a compris la nécessité de rassembler le pays plutôt que de le cliver ». « C’est choquant de profiter d’un amendement pour faire revenir par la fenêtre la réforme des retraites […] particulièrement impopulaire », a ajouté la sénatrice communiste Laurence Cohen.

La majorité sénatoriale a répliqué, en expliquant que la crise sanitaire actuelle n’empêchait pas de régler des problèmes au long cours. « Plus on prend des mesures tardivement, plus lourde sera la note », a riposté René-Paul Savary. « Est-ce parce que nous sommes en période de Covid que nous ne pouvons plus aborder quelconque sujet ? Qu’il faut que nous appliquions la politique de l’autruche », s’est interrogé le centriste Olivier Henno.

Commentaires CFDT :

Alors qu’actuellement plus de 800 000 jeunes ne peuvent s’insérer dans la vie active, que les plans de licenciement s’ajoutent les uns aux autres, que le chômage, que la pauvreté augmentent, … quelle indécence de la part des sénateurs, comme Philippe Mouiller (LR), qui estimait que « même en situation difficile, il faut avoir un discours courageux vis-à-vis des Français ».  … Introduire un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, un samedi soir à 19h, en plein confinement, ressemble plus à du cynisme qu’à un acte de courage, messieurs les sénateurs !

Laurent Berger, à qui le journal La Dépêche du Midi (22-11-20) demandait : « Qu’avez-vous pensé de l’amendement du Sénat faisant passer l’âge de la retraite à 63 ans ? », a répondu :

« C’est de la vieille popote. Ils savent très bien que ça n’a aucune chance d’aboutir, mais ils se sont dit : ça va faire du buzz.
Lancer ce débat-là, aujourd’hui, serait totalement irresponsable.
En ce moment, tout ce qui divise est de nature à nous amener vers le gouffre. Il faut voir ce qui peut nous réunir
».