Retraites : les discussions dans la dernière ligne droite

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Bien que le “conclave” soit censé s’achever le 17 juin, il est impossible d’établir un pronostic tant il semble difficile de faire converger les points de vue des partenaires sociaux, qui doivent s’accorder sur des améliorations de la réforme de 2023 tout en décidant des efforts à fournir pour équilibrer les finances du système.

La marche est haute, très haute, mais tous les participants veulent encore y croire. À l’heure où est écrit cet article, la dernière séance de négociation relative aux retraites est en cours depuis ce matin et devrait se dérouler toute la journée. Les points sur lesquels les syndicats et le patronat doivent se mettre d’accord sont encore très nombreux : égalité femmes-hommes, usure professionnelle, pénibilité, carrière longue… Et s’ils se mettent d’accord sur des améliorations de la réforme de 2023, il faudra ensuite négocier la manière dont ils comptent les financer, c’est-à-dire comment ils envisagent de partager équitablement les efforts afin d’assurer l’équilibre financier du système à moyen et long terme.

Le sujet central : la pénibilité

Concernant l’égalité femmes-hommes, les discussions ont déjà bien avancé. Les négociateurs devraient trouver un accord en vue de compenser les plus faibles pensions des femmes ayant eu des enfants. L’essentiel des discussions va porter sur la pénibilité. C’est en effet le sujet qui devrait faire pencher la balance sur la possibilité ou non d’un accord même s’il n’y a pas de remise en question des 64 ans comme âge minimal de départ à la retraite. Autrement dit, les organisations syndicales seraient prêtes à avancer si elles obtiennent un dispositif pénibilité ambitieux qui permette de faire partir à la retraite avant 64 ans un nombre élevé de salariés exposés à la pénibilité.

Dans les grandes lignes, il s’agit de réintroduire dans le compte professionnel de prévention (C2P), d’une manière ou d’une autre, les critères ergonomiques (en l’occurrence le port de charges lourdes, les postures pénibles et les vibrations mécaniques) supprimés par Emmanuel Macron en 2017.

Pour l’instant, le patronat accepte de réintégrer ces critères mais refuse que les points acquis permettent aux salariés de partir plus tôt à la retraite. Il souhaite que les points ne servent qu’à financer des formations. Une position forcément inacceptable aux yeux des organisations syndicales, qui en ont fait une ligne rouge. « Les salariés qui ont acquis des points pénibilité doivent pouvoir partir plus tôt en guise de réparation. C’est une mesure de justice sociale. Nous serons intraitables », rappelle le secrétaire général adjoint de la CFDT, Yvan Ricordeau, qui mène la délégation orange.

Par Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

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