Retraites – 13ème et 14ème séances : les discussions se poursuivent

Après une 12e séance de négociation tenue le 5 juin, les partenaires sociaux se sont à nouveau retrouvés les 11 et 12 juin pour poursuivre les échanges sur la réforme des retraites. Les débats restent vifs, notamment sur deux points de divergence majeurs : l’âge de départ et la prise en compte de la pénibilité.

L’âge de départ : un dialogue toujours bloqué

Sur la question de l’âge, les positions restent figées. La semaine précédente, la piste d’un retour possible à 63 ans avait été évoquée, à condition d’y adosser une décote ou un allongement de la durée de cotisation à 44 années. Une proposition aussitôt rejetée par la CFDT et l’ensemble des organisations syndicales. Depuis, le Medef a clarifié sa position : aucune diminution de l’âge légal ne sera acceptée, celui-ci doit rester fixé à 64 ans. Les deux dernières séances ont confirmé cette impasse, les oppositions restant entières.

Face à cette rigidité, la CFDT, aux côtés de la CFE-CGC et de la CFTC, continue de défendre ses revendications. Objectif : desserrer l’étau autour de l’âge de départ, en ouvrant le champ de la négociation sur d’autres leviers. Cela passe notamment par :

• une amélioration des dispositifs de départ anticipé pour pénibilité,

• une meilleure prise en compte des trimestres de maternité, pour permettre aux femmes de partir plus tôt,

• et la baisse de l’âge d’annulation de la décote de 67 à 66 ans, en faveur des carrières hachées.

Vers un système de retraite plus souple ?

Comme rappelé dans les précédents comptes rendus, la négociation porte également sur le pilotage du système de retraite. Il s’agit de redéfinir les grands paramètres (revalorisations, rythme d’acquisition des droits, taux de cotisation, etc.) tout en ouvrant la voie à des transformations structurelles. Sur proposition de la CFDT, un consensus émerge autour de l’idée d’un système « à la carte ». Un système plus souple, moins dépendant d’un âge légal rigide, qui permettrait à chacun et chacune de décider librement : « à quel moment partir, avec quel niveau de pension, et pourquoi pas de manière progressive ».

La pénibilité : un désaccord profond

L’autre point d’achoppement majeur reste la pénibilité. La CFDT plaide pour que les trois facteurs ergonomiques exclus du Compte Professionnel de Prévention (C2P) – port de charges lourdes, vibrations mécaniques, postures pénibles – y soient réintégrés, avec ouverture de droits à départ anticipé.

Le Medef, quant à lui, propose leur réintégration uniquement à des fins de prévention, sans que cela n’ouvre droit à un départ anticipé. Une position fermée, même si une légère évolution se fait sentir du côté de la CPME. D’abord alignée sur la position du Medef, la CPME s’est dite favorable à la réintroduction des trois facteurs dans le C2P, tout en proposant un dispositif conditionné à un suivi médical plutôt qu’à une utilisation automatique des points acquis.

Pour la CFDT, ces propositions restent très insuffisantes. Néanmoins, elle salue le fait qu’une organisation patronale tente de faire bouger les lignes pour sortir de l’impasse.

Le cumul emploi-retraite aussi sur la table

Enfin, la CFDT a profité de ces échanges pour mettre sur la table le sujet du cumul emploi-retraite. Un récent rapport de la Cour des Comptes a mis en lumière certains effets d’aubaine du dispositif. La CFDT souhaite le conserver, mais aussi en encadrer davantage l’usage, en cohérence avec les recommandations de la Cour des Comptes. L’objectif est de rendre plus attractives les alternatives comme la retraite progressive ou le mécanisme de surcote.

Prochaine étape : le 17 juin

Les partenaires sociaux se retrouveront une dernière fois le 17 juin pour ce cycle de négociation. Cette ultime séance s’annonce décisive pour tenter de rapprocher des positions encore très éloignées.