Service public et intelligence artificielle : opportunité ou danger ?

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L’IA s’invite dans nos administrations. Entre progrès et vigilance, un rapport récent éclaire ses enjeux et propose 15 mesures pour un service public à l’ère de l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle (IA) n’est plus de la science-fiction : elle est déjà présente dans notre vie quotidienne… et dans le service public. Elle peut aider à gérer le trafic routier, optimiser la consommation d’énergie, accompagner les usagers dans leurs démarches ou encore anticiper certains besoins administratifs.
Mais son développement soulève de vraies questions : comment garder la maîtrise des décisions ? Comment éviter les dérives ? Comment garantir l’égalité d’accès et protéger les emplois publics ?

Des promesses… et des risques

Le rapport « Le service public à l’épreuve de l’intelligence artificielle » rappelle que l’IA peut améliorer la qualité des services, simplifier certaines tâches et libérer du temps pour les agents publics.
Mais il alerte aussi sur :

  • Le risque de perte de contrôle si la technologie prend le pas sur l’humain.
  • Les biais possibles dans les algorithmes, qui peuvent créer ou renforcer des inégalités.
  • La dépendance à des fournisseurs privés ou étrangers, avec des enjeux de souveraineté.
  • L’impact écologique de ces technologies, souvent énergivores.
L’humain doit rester au centre

Pour que l’IA soit vraiment au service de l’intérêt général, elle doit compléter l’action des agents publics, pas les remplacer. Pour le dire plus clairement, le déploiement de l’IA ne doit pas être motivé par la recherche d’économies budgétaires ou de remplacement des agents publics. De plus, les usagers, dans leur grande majorité, préfèrent garder la possibilité de parler à un humain plutôt que de tout passer par des robots ou des chatbots.
Il faut donc encadrer strictement les décisions automatisées, garantir la supervision humaine et expliquer clairement aux citoyens quand et comment l’IA est utilisée.

15 propositions pour une IA d’intérêt général

Le rapport avance 15 pistes d’action, parmi lesquelles :

  • Former tous les élus et agents publics aux usages et aux limites de l’IA.
  • Mettre en place des stratégies claires et transparentes dans chaque administration.
  • Protéger les données publiques et interdire leur utilisation commerciale sans contrôle.
  • Favoriser des modèles d’IA frugaux, moins coûteux et moins énergivores.
  • Imposer des études d’impact éthiques, sociaux et environnementaux avant tout déploiement.
  • Associer les citoyens aux choix et à l’évaluation des usages de l’IA.
  • Identifier et protéger les compétences humaines menacées par l’automatisation.
Et maintenant ?

Les auteurs du rapport insistent : il ne faut pas se précipiter. L’IA n’est pas une baguette magique. Elle peut être un formidable outil, mais seulement si elle s’inscrit dans une vision politique claire, respectueuse des droits, de l’égalité et de la démocratie.
Le débat doit être ouvert dès maintenant, à tous les niveaux – des collectivités locales à l’État – pour décider ensemble du rôle que nous voulons donner à l’intelligence artificielle dans notre service public.

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Découvrir le rapport :

« Le service public à l’épreuve de l’intelligence artificielle » (Juillet 2025)
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Auteurs : Émilie Agnoux et Johan Theuret (coordinateurs.) – Daniel Agacinski – Gilles Babinet – Marius Bertolucci – Gabrielle du Boucher – Anca Caruntu – Diana Filippova – Yann Ferguson – Matthieu Girier – Corinne Narassiguin – Soizic Pénicaud – Jacques Priol – Thaima Samman

Édition : Sens du service public / Fondation Jean-Jaurès

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Pour mémoire :

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