12ème mobilisation du jeudi 13 avril 2023

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Le 6 avril, plus d’un million de personnes étaient mobilisées contre la réforme des retraites. Un mouvement inédit par son ampleur et par sa durée. Et, une fois encore, l’intersyndicale appelle l’exécutif à entendre la contestation sociale. Réunie dans la soirée au siège de Force ouvrière, elle appelle à une autre journée de mobilisation le 13 avril, à la veille de la décision du Conseil constitutionnel.

Après 11 journées de mobilisation, le rejet de la réforme des retraites est toujours aussi massif.
La crise sociale se double d’une crise démocratique.
Le gouvernement se doit d’y répondre en faisant une geste d’apaisement : suspendre la réforme.
À la veille des décisions du Conseil Constitutionnel, les organisations syndicales appellent à une nouvelle journée de mobilisation dans le calme. Pour dire à nouveau que les 64 ans sont inacceptables et demander au gouvernement de renouer le dialogue, rendez-vous le :

JEUDI 13 AVRIL

Maintenons massivement la pression pour que le gouvernement retire sa réforme !

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Les syndicats se sont alignés le long de l’esplanade des Invalides, d’où la bouche de métro crache des manifestants dans un flot ininterrompu, scandant haut et fort « On est là ! », ce chant populaire devenu l’hymne des manifestants dans les cortèges contre la réforme des retraites. Oui, ils étaient là, nombreux, à redire leur opposition au report de l’âge légal de départ à la retraite. À Paris, Lyon, Bordeaux mais aussi dans les plus petites villes, encore et toujours mobilisées.

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Regarder en face le monde du travail

La veille, la rencontre de l’intersyndicale avec Élisabeth Borne à Matignon a tourné court, la Première ministre choisissant de renvoyer les syndicats dans la rue. « On a tous compris hier que c’était à l’Élysée que cela allait se passer. J’appelle le président de la République à entendre la mobilisation sociale, à ne pas être les yeux rivés sur les chiffres de grévistes, qui ne disent pas tout de la situation, et à regarder comment, partout en France, le monde du travail dans sa grande diversité sociologique se mobilise », tonne Laurent Berger, peu avant le départ du cortège parisien. « On peut vouloir balayer d’un revers de la main un million de personnes qui manifestent au fil des semaines mais, n’en déplaise au gouvernement, cela veut dire quelque chose. »

« On ne nous gommera pas comme ça ! », assène Marcel, la soixantaine, quelques mètres plus loin. Selon lui, le recours au 49.3 a marqué un tournant. « Prendre la décision de ne pas faire voter une loi alors que tout le peuple est contre, c’est surréaliste. » Un déni de démocratie qui se double aux yeux de certains d’une fâcheuse tendance à mettre de l’huile sur le feu. « Le gouvernement voudrait aujourd’hui faire croire que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui sont irresponsables ou radicalisés. Mais la manifestation est un processus démocratique, et nous l’exerçons pacifiquement », estime Louise, avec huit mobilisations contre la réforme à son actif. La perte de pouvoir d’achat, elle en est bien consciente et l’assume, car entre se saigner en faisant grève et travailler jusqu’à 64 ans en tant qu’aide-soignante, elle a fait son choix.

Soutien de l’opinion, sur le fond comme sur la forme

Les neuf « sages » du Conseil constitutionnel se prononceront le 14 avril au sujet de la constitutionnalité de la réforme des retraites et de la recevabilité d’un référendum d’initiative partagée, réclamé par la gauche. Pour la CFDT, il ne fait aucun doute que la décision du Conseil, quelle qu’elle soit, devra être respectée. Sur le perron de Matignon, la veille, l’intersyndicale a d’ailleurs appelé à « la sagesse du Conseil constitutionnel pour qu’il entende la juste colère des travailleurs ».

Ce 6 avril, la colère s’est de nouveau exprimée massivement ; près de sept Français sur dix soutiennent la mobilisation contre la réforme des retraites. « Jamais nous n’avons eu un mouvement d’une telle ampleur, d’une telle durée et qui, après onze journées de mobilisation, a un tel soutien de l’opinion et sur le fond et sur la forme, confiait Laurent Berger derrière la banderole du carré de tête. Je crois qu’on est en train de faire la démonstration de ce qu’est la démocratie sociale, en toute responsabilité. J’espère qu’en face il y aura du répondant. »

Nouvelle date de mobilisation le jeudi 13 avril

Un peu plus tard dans la soirée, les organisations syndicales réunies au siège de Force ouvrière ont de nouveau salué une mobilisation inédite, qui a vu se mobiliser dans le calme et la détermination travailleurs, jeunes et retraités « pour dénoncer cette réforme injustifiée ». Dans un contexte qualifié d’inédit et « un climat de fortes tensions [et] de grave crise démocratique et sociale, l’exécutif s’arc-boute et porte seul la responsabilité d’une situation explosive dans l’ensemble du pays ». Aussi, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation et de grèves le 13 avril. Elle soutiendra également « toutes les actions et initiatives intersyndicales de mobilisations, y compris le 14 avril, pour gagner le retrait de cette réforme ». Les organisations syndicales, quant à elles, se réuniront dès que sera connue la décision du Conseil constitutionnel.

Par Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

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